Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/106

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se vendent ne savent pas ce qui les attend, ceux qu’on enlève ou que l’on achète l’ignorent également. Nos entremetteurs sont nombreux et rusés, les matrones sont fines… la loi serait tournée par mille précautions…

— Laissez donc ! répondis-je tranquillement ; on allègue ces choses-là par insouciance, la veille : mais le lendemain l’on s’aperçoit d’un changement… sensible.

Certes, rien n’est absolu sur la terre et les faux monnayeurs biaisent aussi, mais beaucoup moins, en vérité, qu’ils ne le feraient sans la loi qui les condamne, ferme, à perpétuité. Tenez ! je vous affirme, moi, qu’un bon millier de caresses, distribuées par votre chat à neuf queues sur les reins de deux à trois cents des exécrables tourmenteurs d’enfants dont vous parlez, — accompagnés, pour leurs subalternes, de quelque dix années de labor pedestris (vous savez ?) — dégoûteraient du métier bien vite les bourreaux des deux sexes qui vivent impunément, en Angleterre, de cette abjecte industrie — et que bon nombre de vos compatriotes hésiteraient, à l’avenir, à se choisir cette carrière. — J’ajouterai qu’à leur exception personne ne s’en porterait plus mal : au contraire.

Sur quoi, nous nous séparâmes.

Jusqu’à présent, j’avais traité, en mon for intérieur, d’exagérations ces confidences étranges ; mais depuis le retentissement des scandales de Londres, renforcé des bruits récents touchant les atrocités occultes que la lubricité, s’affolant elle-