Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/188

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de le faire mais en n’employant, pour cette seconde opération, aucun des objets qui ont servi pour la première : c’est pourquoi tu en as le double.

« Cette fois, tu ne dois remplir les boules qu’aux deux tiers à peu près.

« Là : c’est fait. — Va placer tes deux nouveaux carrés de billes blondes dans l’endroit le plus éloigné des brunes. Étends, dans le panier, sur les deux essuie-mains, le reste des objets qui t’ont servi, moins l’une des boîtes de pâte : et repose-le dans son coin.

« Le soir est venu. Tu peux allumer ta lampe — et dîner paisiblement.

« Après le repas, et pour charmer tes loisirs, ôte, doucement, les six cannes de verre de leurs annelets de cuirs et dispose-les, avec précaution, l’une contre l’autre, sur ton lit resté défait. Tu peux, à présent, briser le frêle bois blanc de la longue boîte ouatée et la brûler par petites flambées.

« La voilà disparue. Bien. Neuf heures sonnent. Éteins le feu : c’est utile. Ouvre, tout grand, le vasistas de ta mansarde : il faut qu’il fasse froid chez toi. — Quelle brume, quel brouillard, au dehors ! Les journaux d’hier l’avaient prédit, à l’article Température probable. Cependant, tu entends, au loin, sur la place de l’Hôtel de Ville, en face de ta maison, des voitures, des murmures de foule, — car c’est une nuit de bal et de fête !

« Mais neuf heures et demie sonnent : on gratte sept fois à la porte. Tu ouvres. C’est notre envoyé. »