Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/217

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qui autour de son auguste visage, formaient, à présent, comme un cercle d’étoiles, — et, posant sa main virginale sur le cercueil, répondit : « Me voici ! »

Je comprenais, maintenant. C’était donc là le rendez-vous sombre que m’avait donné cette jeune fille ! Je me rappelai, dans un éclair, le terrible cérémonial dont la prise du voile est entourée pour les Carmélites de l’Observance-étroite. Les symboles de ce rituel se succédaient, pareils à des appels précipités de la pierre sépulcrale.

Et voici qu’au milieu du plus profond silence, j’entendis tout à coup s’élever sa douce voix, chantant la formule des vœux de sa consécration

Ah ! Je n’ai pas à définir, ici, le mystérieux secret dont défaillait mon âme !


Soudain, l’une de ses nouvelles compagnes l’ayant revêtue, lentement, du linceul et du voile, puis déchaussée à jamais, reçut de l’abbesse les ciseaux sinistres sous lesquels allait tomber la chevelure de la pâle bienheureuse.

À ce moment, Lysiane d’Aubelleyne se détourna vers l’assemblée. Et ses yeux, ayant rencontré les miens, s’arrêtèrent, paisibles, longtemps, fixement, avec une solennité si grave, que mon âme accueillit la commotion de ce regard comme un rendez-vous éternel promis par cette âme de lumière.

Je fermai les paupières, y retenant des pleurs qui eussent été sacrilèges.

Quand je repris conscience des choses, l’église était