Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bonne volonté dont vous puissiez vous proposer de faire preuve, tout semble attester d’avance le résultat le plus négatif ; — mais, enfin, avec vous, — (toujours dans l’hypothèse où cette expérience ne serait pas absurde en principe), — elle offre une chance sur dix mille d’éclairer miraculeusement, pour ainsi dire, la Physiologie moderne. L’occasion doit être, dès lors, saisie et, dans la cas d’un signe d’intelligence victorieusement échangé après l’exécution, vous laisseriez un nom dont la gloire scientifique effacerait à jamais le souvenir de votre défaillance sociale.

— Ah ! murmura La Pommerais devenu blafard, mais avec un résolu sourire, — ah ! — je commence à comprendre !… — Au fait, les supplices ont déjà révélé le phénomène de la digestion, nous dit Michelot. Et… de quelle nature serait votre expérience !… Secousses galvaniques ?… Incitations du ciliaire ?… Injections de sang artériel ?… Peu concluant, tout cela !

— Il va sans dire qu’aussitôt après la triste cérémonie, vos restes s’en iront reposer en paix dans la terre et qu’aucun de nos scalpels ne vous touchera, reprit Velpeau. — Non !… Mais au tomber du couteau, je serai là, moi, debout, en face de vous, contre la machine. Aussi vite que possible, votre tête passera des mains de l’exécuteur entre les miennes. Et alors — l’expérience ne pouvant être sérieuse et concluante qu’en raison de sa simplicité même — je vous crierai, très distinctement, à l’oreille : — « Monsieur Couty de La Pommerais, en