Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/252

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UNE PROFESSION NOUVELLE


On lira bientôt les faits suivants, aux Nouvelles de la Province, sur les gazettes rédigées, comme on le sait, dans ce style équivoque et goguenard, parfois macaronique, souvent même trivial, qu’affectent (il faut bien se l’avouer) quelques trop avancés radicaux. — Ce style, qui veut sembler plaisant, ne témoigne que d’une sorte de régression vers l’Animalité.

« Récemment unie à ce brillant et déjà légendaire vicomte Hilaire de Rotybal, ce digne rejeton d’une souche des plus illustres hobereaux de l’Angoumois, la délicieuse, la jeune et mélancolique vicomtesse Herminie, hélas ! de Rotybal, née Bonhomet, se promenait, hier, assez tard, dans le parc de son manoir, le bras languissamment appuyé sur celui du sous-lieutenant de cavalerie bien connu, son cousin. La nuit d’été, des plus douces, les éclairait de toutes ses étoiles. Tout à coup, provenue, croit-on, de la hauteur de certains grands arbres lointains, une détonation, pareille à celle d’un violent coup de carabine, éclata. L’exquise jeune femme jeta un cri et tomba ensanglantée entre les bras de son étincelant cavalier. Des serviteurs accoururent. Transportée dans sa chambre, l’on s’aperçut que la châtelaine