Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

point l’affaire ; — le ciel n’ayant plus rien à voir, Dieu merci ! dans les démêlés de nos cours d’assises. »


Voici, d’après le compte rendu de M. le greffier, le colloque étrange — et dont les plus sceptiques seront révoltés — qui s’est échangé, le lendemain matin, dans le cabinet de M. le juge d’instruction, cabinet où M. le vicomte de Rotybal, après sa nuit de détention préventive, a été introduit à la première heure. Le vénérable magistrat a, tout d’abord, paru quelque peu surpris à l’aspect d’un jeune homme dont la distinction de visage et de manières semblait démentir d’avance le crime odieux où l’impliquait la rumeur publique. Sévèrement menacé toutefois d’une confrontation avec la dépouille de celle que tous nommaient déjà « sa victime », le jeune gentilhomme, interrompant son interlocuteur avec ce sourire de l’homme du monde qui ne le quitte jamais :

— Monsieur, a-t-il dit, en assurant son lorgnon avec le plus grand calme, vous errez étonnamment, je dois vous en avertir. L’un des déplaisirs principaux que me cause cette énigmatique mésaventure est de me voir inculpé d’une action ridicule. Voilà bien la foule et ses vains propos ! M’embusquer, disons-nous, sur telle maîtresse branche, pour tirer, comme simple caille, une aimable femme qui, de plus, est mienne ? Et ce, par « jalousie ?… » Ah ! je doublerais trop mal, vraiment, les Tamberlick pour chanter les Othellos jusqu’à cet ut dièse. En me supposant