Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/271

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d’Alexandre, vient de créer une annexe de sa maison, l’Oriental Office.

Il fait venir, en toute hâte, de Constantinople, un groupe, — trié, comme on dit, sur le volet, — d’ex-gardiens du sérail, licenciés depuis le si tragique décès du feu sultan.

Ces types orientaux, revus de bonne heure, on le sait, par les entrepreneurs coptes, sont blancs, beaux, intrépides et athlétiques : ils doubleront leurs précédents collègues, pour les personnes timides. Une particularité morale qui leur est commune les dispense de la formalité de l’élixir d’Oubli.

Mustapha-ben-Ismaïl, séduit par l’innovation turque de l’idée, acceptait déjà de nous céder, assure-t-on, les deux superbes échantillons que toute la presse a rendus les lions du jour ; mais, par un scrupule de conscience, l’Agence a refusé de les acquérir « à cause de leur couleur sombre. »

À la nouvelle de cette Annexe, la joie du monde brillant est devenue sans mélange : nos élégantes raffolent déjà de leurs futurs « patitos » et les « actions » (ironie !) des jeunes décavés ont baissé quelque peu.

Le dernier mot du bon goût sera, pour ces dames, d’être aux petits soins avec leurs illusoires Sigisbés, et pleines d’attentions charmantes !… — de les combler de petits cadeaux, de sucreries, de ces mille dédommagements délicats que le sexe enchanteur, hors de pair dans toutes ces questions de tact, sait