Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/272

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si bien imaginer.

Au surplus, une délégation de jeunes inconstantes, nanties de bouquets symboliques, attendra, sur la plage de Nice, à l’ombre des frais orangers, le vaisseau qui nous amène ces courageux incompris. Les folles exquises leur ménagent une ovation ! Voilà bien l’engouement de Françaises pour tout ce qui est nouveau !

Elles veulent s’efforcer de leur faire oublier « la patrie » à ces enfants gâtés !

— Hum ! ce sera difficile.

Chacun aime, en effet, le sol qui l’a vu naître, le pays où son enfance reçut les premiers soins, où les yeux, en s’ouvrant au jour, aperçurent des regards amis lui souriant autour de son berceau.

Oui, certaines impressions d’enfance sont ineffaçables.

En tous cas, s’ils se font naturaliser, voilà des électeurs qui vont réclamer la révision de leurs constitutions avec des cris de paon.

— Allah ! Allah ! oh ! l’Allah !

Cela va renforcer la majorité sénatoriale. La gauche prétend déjà que ce sera le chant du cygne de l’Opportunisme. L’étonnant sera qu’après un certain nombre de bruyants procès, chacun de ces messieurs de Byzance pourra s’être acquis, sans efforts, un renom de nature à éclipser la gloire de don Juan ! Voilà, pourtant, comme on écrit l’Histoire.

Et, déjà, quel foudroyant succès ! Craignant de ne pouvoir suffire aux commandes, cet hiver, le major télégraphie