Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/324

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il ne voyait plus que sa volonté planer dans la lividité de l’espace, pareille à l’aigle noire de ses drapeaux.

Il avait parlé. — Et des redditions d’armées et de citadelles, des lueurs de rançons effroyables, des abandons de provinces s’étaient laissé entrevoir dans ses paroles… Ce fut alors qu’au nom de l’Humanité le ministre républicain voulut faire appel à la générosité du vainqueur, — lequel ne devait en ce moment se souvenir, certes ! que de Louis XIV passant le Rhin et s’avançant sur le sol allemand, de victoire en victoire — puis de Napoléon prêt à rayer la Prusse de la carte européenne — puis de Lutzen, de Hanau, de Berlin saccagé, d’Iéna !

Et de lointains roulements d’artillerie, pareils aux échos de la foudre, couvrirent la voix du parlementaire, qui, par un sursaut de l’esprit, alors se rappela… que c’était l’anniversaire d’un jour où, du haut de l’échafaud, le roi de France avait aussi voulu faire appel à la magnanimité de son peuple, lorsque des roulements de tambours couvrirent sa voix !… — Malgré lui, Favre tressaillit de cette coïncidence fatale à laquelle, dans le trouble de la défaite, personne n’avait pensé jusqu’à cet instant. — C’était, en effet, du 21 janvier 1871 que devait dater, dans l’histoire, l’ouverture de la capitulation de la France laissant tomber son épée.

Et comme si le Destin eût voulu souligner, avec une sorte d’ironie, le chiffre de cette date régicide, lorsque l’ambassadeur de Paris eut demandé à son interlocuteur