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Huit jours après, les stipulations de l’armistice ayant été acceptées par ses collègues de la Défense nationale, M. Favre, muni de leur pouvoir collectif, s’était rendu à Versailles pour la signature officielle de cette trêve, qui amenait l’épouvantable capitulation.

Les débats étaient clos. M. de Bismarck et M. Jules Favre, s’étant relu le Traité, y ajoutèrent, pour conclure, l’article 15, dont la teneur suit :

— « Art. 15. En foi de quoi les soussignés ont revêtu de leurs signatures et scellé de leurs sceaux les présentes conventions.

» Fait à Versailles, le 28 janvier 1871.

» Signé : Jules Favre — Bismarck. »

M. de Bismarck, ayant apposé son cachet, pria M. Favre d’accomplir la même formalité pour régulariser cette minute, aujourd’hui déposée à Berlin aux Archives de l’empire d’Allemagne.

M. Jules Favre ayant déclaré avoir omis, au milieu des soucis de cette journée, de se munir du sceau de la République française, voulait l’envoyer prendre à Paris.

— Ce serait un retard inutile, répondit M. de Bismarck : votre cachet suffira.

Et, comme s’il eût connu ce qu’il faisait, le Chancelier de Fer indiquait, lentement, au doigt de notre envoyé, l’Anneau légué par l’Inconnu.

À ces paroles inattendues, à cette subite et glaçante mise en demeure du Destin, Jules Favre, presque hagard, et se rappelant le vœu prophétique dont cette bague souveraine était pénétrée, regarda