Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/349

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contre ton trône ou ta vie, au moment précis où leurs esprits en concevraient le dessein. Tu seras donc à l’abri, pour toujours, de toute surprise funeste, et vieilliras, paisible, en ton autorité. Moi, Tsë-i-la, je jure ici, par Fô, dont l’image projette son ombre sur nous, que le magique attribut de ce secret est bien tel que je te l’annonce.

À ce stupéfiant discours, il y eut, dans l’assemblée, un frémissement et un grand silence. Une vague angoisse émouvait l’impassibilité ordinaire des visages. Tous examinaient le jeune inconnu qui, sans trembler, s’attestait, ainsi, possesseur et messager d’un sortilège divin. Plusieurs s’efforçant en vain de sourire, mais n’osant s’entre-regarder, pâlissaient, malgré eux, de l’assurance de Tsë-i-la. Tchë-Tang observait autour de lui cette gêne dénonciatrice.

Enfin, l’un des princes, — pour dissimuler, sans doute, son inquiétude, s’écria :

— Nous n’avons que faire des propos d’un insensé ivre d’opium.

Les mandarins, alors, se rassurant :

— Les Poussahs n’inspirent que les très vieux bonzes des déserts.

Et l’un des ministres :

— C’est à notre examen, tout d’abord, de décider si le prétendu secret dont ce jeune homme se croit dépositaire est digne d’être soumis à la haute sagesse du roi.

À quoi, les officiers irrités :

— Et lui-même… peut-être n’est-il qu’un de ceux