Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/71

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Les heures passèrent : le petit jour parut, blanchit les murs, puis le brumeux soleil se leva. Toutes les fenêtres étaient garnies de figures au point que, derrière celles-ci, les gens ayant étagé des chaises, d’autres figures montaient jusqu’aux cintres et que des mains s’accrochaient aux grosses tringles des rideaux enlevés, aux corniches des murs, ceci du haut en bas des maisons.

Enfin, sept heures sonnèrent : et le cri : le voilà ! le voilà ! retentit : une grommelante rumeur de houle s’éleva de toute la place.

C’était lui, en effet, sur le banc de la charrette, à côté du prêtre qu’il n’écoutait pas.

Solidement ficelé de garcettes, les bras au dos, tête rase, cou nu, blafard, il regardait.

Devant et derrière le véhicule, un piquet de gendarmes faisait escorte.

Deux aides l’attendaient, au pied de l’échafaud, pour l’aider à gravir les douze marches ; — l’exécuteur était debout devant la planche, bras croisés.

Mahoin considéra d’un œil d’abord hébété l’ensemble de la place ; puis il éclata d’un rire presque inquiétant, qui s’entendit au loin, dans le silence, et vibra, faisant tressaillir les nerfs de la foule. Mais le rire s’arrêta brusquement ! Le condamné venait, en relevant les yeux, d’apercevoir un spectacle qui l’étonnait lui-même — et qu’il ne pouvait, sans doute, s’expliquer en ce moment trouble.

Sur les pentes presque perpendiculaires des