Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/100

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stérilité d’analyse que présente ou paraît présenter toute hypothèse à ce sujet, semble si intuitivement démontrée aujourd’hui, que les mystiques eux-mêmes, en grand nombre, se laissent gagner par la tiédeur générale.

En philosophie, cependant, — bien que l’on maugrée en soi de l’impuissance où l’on s’estime, assez gratuitement peut-être, d’acquérir, de façon ou d’autre (après tant d’échecs !), une certitude quelconque de quoi que ce soit, — on ne cesse de réfléchir à la Mort, chacun suivant sa sphère d’idées, et de s’intéresser à ce phénomène. On dirait que la Mort a jeté son ombre sur ce siècle. Les heures d’enthousiasme pour les diverses branches de l’arbre de la vie, pour les distractions, les questions secondaires, les arts, les découvertes scientifiques, etc., sont sonnées. On ne s’émeut plus. — La prévoyance de la nature est grande : elle prépare ses effets de longue date ; on dirait que l’humanité va tout à coup ressentir une totale, une définitive surprise de quelque chose, et que, d’instinct, elle réserve ses forces pour la ressentir.

« Cependant, » — penserait le moderne, — « de