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nerres que doivent craindre les divinités, sans que cela paraisse. »

Voilà, certes, le raisonnement qui eût sommeillé dans le sourire et dans la plaisanterie du moderne dont nous avons parlé et les raisons de supériorité qu’il eût été en son pouvoir d’alléguer pour légitimer son dédain ou son indifférence vis-à-vis des ouvrages des anciens.

Le fait est que ces raisons, malgré le ton affecté, paraissent présenter, au premier abord, un front si imposant et si sombre, qu’elles s’emparent de l’esprit avec l’autorité de l’évidence. — Elles peuvent mener loin !… D’où vient, cependant, l’impossibilité que nous éprouvons de ne pas hésiter devant notre gloire, nos travaux et notre divinité de fraîche date ? Nous la trouvons lourde, cette divinité ! Suivant l’expression consacrée par le vulgaire, nous devons avoir l’air de parvenus, pour les dieux, tant nous nous tenons gauchement. Bref, c’est peut-être le manque d’habitude, mais il nous serait dur d’être des dieux.

On ne sait quel instinct vient nous railler au plus fort de notre confiance dans l’avenir. Les prodiges