Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/148

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— Madame, répondit Wilhelm, j’estime que se trouver seulement à même de risquer cette partie est une précieuse faveur du destin.

— Est-ce que vous seriez attristé de votre sort si, l’ayant essayée, vous aviez perdu ?

— Non, madame.

— Que vous disais-je, prince ?

La voix douce de Wilhelm, le naturel de sa tenue accomplie, excluaient de ses réponses toute idée d’ostentation. C’était un grand seigneur ; il parlait simplement. Le trouble et l’émotion ardente qu’il comprimait ne pouvaient transparaître, et pour Fabriana seule, que d’une manière intuitive et voilée.

Le diplomate, connaissant le monde, se demandait avec inquiétude : « Lui serait-il absolument indifférent ? » Mais il ne s’arrêta pas à cette idée.

À ce moment, une charmante jeune fille, vêtue d’un costume grec, entra, posa sur une table un plateau de vermeil chargé de liqueurs à la neige et se retira sans bruit.

— Acceptez-vous ?… dit gracieusement Fabriana.