Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/172

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sa besogne et de ne laisser entrer aucun domestique, sous quelque prétexte que ce fût. Une fois la table disposée, il attendait la sonnette de Xoryl, et, pressant alors un ressort adapté à quatre chaînons de bronze, la table s’enlevait d’elle-même, sans bruit, dans les rainures ; le parquet du salon supérieur s’écartait et laissait passer.

À l’aide de ces précautions, il eût été fort difficile de mêler de l’opium ou d’autres poisons dans le vin ou les aliments. Xoryl avait coutume, par surcroît de prudence, d’éprouver l’appétit des deux molosses avant que Tullia se fût mise à table ; on le savait, et cela était un avantage de plus.

Il faut se souvenir qu’il ne saurait y avoir rien de petit dans l’ensemble d’un plan sublime ; que chaque détail tire sa valeur de la conception générale et qu’un esprit réellement profond revêt les choses de moindre apparence de leur véritable point de vue. En lisant l’histoire des conspirations tombées avec les têtes des conspirateurs, on se sent étonné de voir, non pas comment elles sont tombées (cela n’est d’aucune importance, si ce n’est dans les écoles pour exercer la mémoire des