Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/196

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sécante tirée à gauche de la croisée ; son dos énorme était creusé et comblé de peaux de martre et d’hermine. Sur ce magnifique lit de repos, Fabriana s’était indolemment étendue ce soir-là. Près d’elle, une veilleuse bleue, élevée sur un trépied d’or et allumée nuit et jour dans une petite urne de cristal, brûlait une huile odorante.

Autant qu’il était permis d’en juger, la marquise était d’une taille grande et svelte. Elle était vêtue, à cause de la chaleur étouffante, d’un nuage de batiste en forme de peignoir échancré de la poitrine et découvrant ses épaules quelque peu. Des gouttelettes de sueur se diamantaient sur sa chair ferme et neigeuse. Cette trame transparente et molle qui enveloppait son corps laissait deviner les plénitudes de la statue de Cléomènes. Sa tête, sur laquelle tombait le rayon de la veilleuse, était d’une carnation très-blanche. Les masses lourdes et dorées de ses cheveux se partageaient sur son beau front mat et retombaient en flocons de boucles radieuses derrière sa tête, inondant son col et son dos. Ses yeux, dont les prunelles aux lueurs noyées étincelaient comme deux pierreries noires, regar-