Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/197

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daient vaguement le groupe effroyable enchaîné autour d’elle. Elle avait des sourcils d’une impassibilité intelligente. Le nez, tracé avec une sévère finesse de dessin, était droit ; l’air de son visage était séduisant ; ses narines déliées bougeaient, rosées et diaphanes, à chaque soulèvement de sa poitrine. La vie circulait avec une saine volupté dans cette belle dame étendue. Sa bouche, parfaite, était d’un rouge vif, pourpre, et comme velouté par les plis de sa belle peau : ses dents lactées mordaient légèrement sa lèvre inférieure. Hier, le sourire tempérait l’expression royalement dédaigneuse de cette bouche, aujourd’hui rien ne souriait dans sa physionomie. L’un de ses bras était recourbé sur son front dans une attitude abandonnée ; entre deux doigts de la main qui pendait sur ce front, elle tenait une bouture de fleur indienne, sorte de brunelle aux parfums excessifs, qu’elle remuait, et dont elle touchait gracieusement son visage de temps à autre. Son autre bras, moulé par quelque divin statuaire, tombait de la manche aux dentelles flottantes et pendait jusque sur les fourrures. À l’un des doigts menus de cette main,