Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps ils n’avaient eu que le pèlerin des bords du Nil à qui jeter de loin en loin une de ces réflexions que gardait leur silence et que leur aspect inspirait. À quels souverains les aïeux de Fabriana les avaient-ils achetés ?… Elle ne savait pas. Seulement elle aimait ces fronts douloureux parce qu’ils symbolisaient sans doute quelque chose pour elle.

Elle abaissa ses paupières et, comme en proie aux concentrations de l’esprit sur un seul point de vue, elle murmura ce seul mot :

— J’essaierai.

Quelques instants se passèrent.

— Au reste, ajouta la superbe songeuse, n’est-ce pas la seule réalité qui vaille la peine que je vive pour elle, maintenant ?…

Son regard se souleva de nouveau vers les vieilles pierres noires à figure humaine qui semblaient être pour quelque chose dans le fond de sa pensée, et elle continua de se parler d’une voix calme et pure, bien que très-basse et à peine distincte :

— Essayons de rappeler les choses et les fantômes, puisque je vais vivre !… — Oui, le soir,