Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/223

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ciance ; elle est pareille à l’une de ces forêts vierges de l’Idéal, où le premier voyageur, dès son premier pas et sa première chanson, est accueilli par les concerts enchantés de ses brises, de ses fleurs et de ses oiseaux, sortis des mille échos de ses taillis, de ses fleuves et de ses profondeurs harmonieuses.

Que va-t-il arriver maintenant ? Puissances qui vous intéressez au mouvement de ce système déterminé du ciel, à cause des souffrances qu’il signifie !

Je ne pense pas l’ignorer.

Il arrivera d’abord que cet enfant me verra par ses yeux et selon lui ; je ne serai en réalité que l’occasion du déploiement de sa pensée ; il se créera un être ineffable et indicible à mon sujet, et ce fantôme paré de toutes les notions vives qui lui sont propres, de la beauté absolue, sera le médiateur qu’il prendra pour moi. Ce qu’il aimera ce ne sera point moi, telle que je suis, mais cette personne de sa pensée que je lui paraîtrai. Sans doute il m’accordera mille qualités et mille charmes étrangers dont je serais peu satisfaite si je les avais ; de