Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/74

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possibilités d’avenir, d’après la résultante probable de tels plis de la bouche dans le sourire, de telle accentuation des rides, de telle appréciation de deux choses données, chacun peut faire cela plus ou moins exactement, à son insu. — Pour les observateurs, il y a des nuances que d’autres, moins sensibles, n’aperçoivent pas ; ceux-là se rendent compte du prochain d’une façon à peu près sûre. Aux hommes doués de l’incarnation intuitive, rien n’échappe. Ils se mettent dans autrui et s’y regardent comme dans un miroir ; ils y écoutent impersonnellement tomber leurs paroles et touchent juste, par conséquent, lorsqu’ils parlent. Un dernier mot à ce sujet.

Le simple observateur peut savoir tirer pour lui-même un excellent parti de l’occasion lorsqu’elle se présente : c’est ce que la plèbe des respectables mortels, ne voyant jamais qu’un résultat, sans en apprécier les causes, appelle : « jouer de bonheur ! » (comme si l’on pouvait longtemps et impunément jouer de bonheur au milieu d’un groupe de sociétés régi par trente-deux Codes !) Saisir avec sang-froid l’occasion et lui faire rendre ce qu’elle peut donner,