Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/75

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c’est déjà marcher conformément à la logique du sort, et c’est remarquable. Mais les hommes dont nous voulons parler, les hommes doués de l’incarnation intuitive, seraient capables de créer l’occasion, de faire naître le milieu dont ils voudraient profiter. Les forces réunies de l’or et de l’amour tomberaient positivement devant ces individus redoutables et rares, s’ils tenaient à réussir dans quelque projet ; mais, à l’ordinaire, ils ne se soucient vraiment de rien. Cette puissance entraîne le dégoût. Si le destin ne leur a point fait d’avances, ils finissent, pour la plupart, dans la gêne et dans la tristesse de leur grandeur. Ils attendent la mort naïvement, ces princes de la race humaine ! Bien plus, leur force même leur est nuisible, principalement lorsque le nécessaire est en question pour eux. Alors, leur calme faiblit quelquefois, et ils opèrent de tels prodiges de reconstruction, qu’ils dépassent cent fois le but, s’empêtrent dans leurs ailes sublimes et, de fait, sont déroutés par la niaiserie des vivants.

Si donc, l’un d’entre eux se fût trouvé sur le chemin de Tullia Fabriana, c’eût été d’un assez vif