Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/88

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où leurs noms avaient figuré. Bien des événements furent commentés dans ces soirées sous la forme de spirituelles causeries ; elle prit de l’intérêt, dans une certaine mesure, à ces cours d’anatomie de l’histoire, et elle apprit la science des hommes et des femmes à l’âge où, d’ordinaire, les jeunes filles se livrent à des occupations presque puériles.

Cette soif de s’assimiler le plus possible, même les choses d’une apparence étrangère à son utilité personnelle, allait si loin, qu’un soir, ayant entendu vanter son père comme la première lame de l’Italie, elle leva les yeux de dessus la broderie qu’elle tenait par contenance, et parut le considérer avec attention. Le lendemain, d’un air plaisant et moqueur, elle lui demanda s’il voulait bien lui montrer ce qu’il savait, pour la défatiguer de ses maîtres si ennuyeux. C’était par un motif de respect filial qu’elle feignait de s’ennuyer d’études, afin que ses travaux et ses veilles continuelles ne vinssent pas affliger son père et sa mère, ou, tout au moins, les stupéfier. Après quelques bons mots échangés sur la belliqueuse fantaisie, le duc accepta. « Elle est de race, » murmura dans sa