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CENDRES ET POUSSIÈRES


Les siècles attentifs se penchent pour entendre
Les lambeaux de tes chants. Ton visage est pareil
À des roses d’hiver recouvertes de cendre
Et ton lit nuptial ignore le soleil.
Ta chevelure ondoie au reflux des marées
Comme l’algue marine et les sombres coraux,
Et tes lèvres désespérées
Boivent la paix des eaux.

Que t’importe l’éloge éloquent des Poètes,
À Toi dont le front large est las d’éternités ?
Qu’importent le frisson des strophes inquiètes,
Les éblouissements et les sonorités ?
La musique des flots a rempli ton oreille,
Ce remous de la mer qui murmure à ses morts
Des mots dont le rythme ensommeille
Comme de lourds accords.

Ô parfum de Paphôs ! ô Poète ! ô Prêtresse !
Apprends-nous le secret des divines douleurs,