Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/224

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Vous étrenna de ses plus doux attraits,
Et fit voir dans vos premiers traits
Que le fils de Louis était digne de l’être.
Tous les dieux à l’envi vous firent leurs présents :
Mars vous donna la force et le courage ;
Minerve, dès vos jeunes ans,
Ajouta la sagesse au feu bouillant de l’âge ;
L’immortel Apollon vous donna la beauté :
Mais un dieu plus puissant, que j’implore en mes peines,
Voulut aussi me donner mes étrennes,
En vous donnant la libéralité.




ÉPÎTRE II.


À MADAME LA COMTESSE DE FONTAINES[1],
SUR SON ROMAN DE LA COMTESSE DE SAVOIE[2].


La Fayette et Segrais, couple sublime et tendre,
Le modèle, avant vous, de nos galants écrits,
Des champs élysiens, sur les ailes des Ris,
Vinrent depuis peu dans Paris :
D’où ne viendrait-on pas, Sapho, pour vous entendre ?
À vos genoux tous deux humiliés,
Tous deux vaincus, et pourtant pleins de joie,
Ils mirent leur Zaïde aux pieds
De la comtesse de Savoie.
Ils avaient bien raison : quel dieu, charmant auteur,
Quel dieu vous a donné ce langage enchanteur,

  1. Marie-Louis-Charlotte de Pelard de Givry, comtesse de Fontaines, est morte le 8 septembre 1730, à soixante-dix ans. Elle était veuve de Nicolas de Fontaines, maréchal de camp. La première édition de l’Histoire de la comtesse de Savoie, un volume in-12, n’a paru qu’en 1726. (B.)
  2. C’est de ce roman que Voltaire tira plus tard le sujet de sa tragédie de Tancrède. Voyez, tome IV du Théâtre, page 489, l’avertissement pour cette pièce.