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À URANIE.

Ah ! quel bonheur de te voir, de t’entendre !
Que ton esprit a de force et d’appas !
Dieux ! que ton cœur est adorable et tendre !
Et quels plaisirs je goûte dans tes bras !
Trop fortuné, j’aime ce que j’admire.
Du haut du ciel, du haut de ton empire,
Vers ton amant tu descends chaque jour,
Pour l’enivrer de bonheur et d’amour.
Belle Uranie, autrefois la Sagesse
En son chemin rencontra le Plaisir ;
Elle lui plut ; il en osa jouir ;
De leurs amours naquit une déesse,
Qui de sa mère a le discernement.
Et de son père a le tendre enjouement.
Cette déesse, ô ciel ! qui peut-elle être ?
Vous, Uranie, idole de mon cœur,
Vous que les dieux pour la gloire ont fait naître,
Vous qui vivez pour faire mon bonheur.




ÉPÎTRE XLVI.


À URANIE.


(1734)


Qu’un autre vous enseigne, ô ma chère Uranie,
À mesurer la terre, à lire dans les cieux.
Et soumettre à votre génie
Ce que l’amour soumet au pouvoir de vos yeux.
Pour moi, sans disputer ni du plein ni du vide,
Ce que j’aime est mon univers ;
Mon système est celui d’Ovide,
Et l’amour le sujet et l’âme de mes vers.
Écoutez ses leçons ; du pays des chimères
Souffrez qu’il vous conduise au pays des désirs :
Je vous apprendrai ses mystères ;
Heureux, si vous pouvez m’apprendre ses plaisirs.