Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/353

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Après plus d’un beau poste pris,
Il faudra bien qu’on vous harangue
Au nom du corps des beaux esprits,
Et des maîtres de notre langue.
Revenez bientôt essuyer
Ces fadeurs qu’on nomme éloquence,
Et donnez-moi la préférence
Quand il faudra vous ennuyer.




ÉPÎTRE LXXV.


À MONSIEUR LE MARÉCHAL DE SAXE[1],
EN LUI ENVOYANT LES ŒUVRES DE M. LE MARQUIS DE ROCHEMORE,
SON ANCIEN AMI, MORT DEPUIS PEU.
(Ce dernier est supposé lui faire un envoi de l’autre monde.)


Je goûtais dans ma nuit profonde
Les froides douceurs du repos,
Et m’occupais peu des héros
Qui troublent le repos du monde ;
Mais dans nos champs élysiens
Je vois une troupe en colère
De fiers Bretons, d’Autrichiens,
Qui vous maudit et vous révère ;
Je vois des Français éventés,
Qui tous se flattent de vous plaire,
Et qui sont encore entêtés
De leurs plaisirs et de leur gloire,
Car ils sont morts à vos côtés
Entre les bras de la Victoire,

  1. Je crois cette épître de 1748. C’est d’elle qu’il doit être question dans la lettre à Mme  d’Argental, du 25 février 1748. Rochemore mourut en 1740 ou 1743. Ses poésies n’ont jamais été recueillies. Une lettre en prose et en vers, qu’il avait adressée au comte d’Argental, est imprimée dans le tome II de la Correspondance littéraire de Grimm. (B.)