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ÉPÎTRE LXXXII.


AU ROI DE PRUSSE.


9 avril 1751.


Dans ce jour du saint vendredi,
Jour où l’on veut nous faire accroire
Qu’un Dieu pour le monde a pâti,
J’ose adresser ma voix à mon vrai roi de gloire.

De mon salut vrai créateur,
De d’Argens et de moi l’unique rédempteur,
Du salut éternel je ne suis pas en peine ;
Mais de ce vrai salut qu’on nomme la santé,
Mon esprit est inquiété.
Pardonnez, cher sauveur, à mon audace vaine.

Ô vous qui faites des heureux,
L’êtes-vous ? souffrez-vous ? êtes-vous à la gêne ?
Et les points de côté, la colique inhumaine,
Troubleraient-ils encor des jours si précieux ?

Ô philosophe roi, grand homme, heureux génie
Vous dont le charmant entretien,
L’indulgente raison, l’aimable poésie,
Étonnent mon âme ravie,
Puissiez-vous goûter tout le bien
Que vous versez sur notre vie !




ÉPÎTRE LXXXIII.


AU MÊME.


(1751)


Est-il vrai que Voltaire aura
À Sans-Souci l’honneur de boire