Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/392

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Vous qui, sans préjugés, sans vices, sans travers,
Embellissez mes jours ainsi que mes déserts,
Soutenez mes travaux et ma philosophie ;
Vous cultivez les arts, les arts vous ont suivie.
Le sang du grand Corneille[1], élevé sous vos yeux.
Apprend, par vos leçons, à mériter d’en être.
Le père de Cinna vient m’instruire en ces lieux :
Son ombre entre nous trois aime encore à paraître ;
Son ombre nous console, et nous dit qu’à Paris
Il faut abandonner la place aux Scudéris.




ÉPÎTRE XCIII.


À MADAME ÉLIE DE BEAUMONT[2],
EN RÉPONSE À UNE ÉPÎTRE EN VERS
AU SUJET DE MADEMOISELLE CORNEILLE.


20 mai 1761.


S’il est au monde une beauté
Qui de Corneille ait hérité,
Vous possédez cet apanage.
L’enfant dont je me suis chargé[3]
N’a point l’art des vers en partage ;
Vous l’avez : c’est un avantage
Qui m’a quelquefois affligé,
Et que doit fuir tout homme sage.
Ce dangereux et beau talent
Est pour vous un simple ornement,
Un pompon de plus à votre âge ;
Mais quand un homme a le malheur
D’avoir fait en forme un ouvrage,

  1. Mlle  Corneille, mariée à M. Dupuits, officier de l’état-major. (Note de Voltaire, 1771.)
  2. Femme de l’avocat qui prit en main la défense des Calas.
  3. Mlle  Corneille.