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Que cet exemple si flatteur[1]
Par vos beaux soins se perpétue !




ÉPÎTRE CVIII.


AU ROI DE LA CHINE[2],
SUR SON RECUEIL DE VERS QU’IL A FAIT IMPRIMER.


(1771)


Reçois mes compliments, charmant roi de la Chine[3]
Ton trône est donc placé sur la double colline !

  1. Variante :
    C’est un exemple très-flatteur :
    Il faut bien qu’on le perpétue !
  2. J’ai laissé à cette épître la date de 1771, mais elle est de la fin de 1770. Voltaire l’envoya à Mme de Choiseul le 13 novembre 1770 ; il en parle dans plusieurs des lettres qui suivent celle à Mme de Choiseul.

    La Correspondance de Grimm, t. VII, p. 346, contient une réponse à l’épître de Voltaire. Le titre de la pièce en est le premier vers :

    Le grand roi de la Chine au grand Sien du Parnasse.

    Cette réponse est attribuée à Laharpe ; dans sa lettre à d’Alembert, du 21 décembre 1770, Voltaire dit : « Le roi de Prusse m’a écrit des vers à faire mourir de rire, de la part du roi de la Chine. » Je n’ai pas trouvé dans les Œuvres de Frédéric ces vers, qui m’ont tout l’air d’être une réponse à l’Épître au roi de la Chine. Une brochure intitulée les Quatre Dernières Épîtres du poëte-philosophe, 1771, in-8o, contient dans l’ordre suivant les épîtres cxi, cxii, cix, cx. On les mettait avant, mais je les ai mises après l’Épître au roi de la Chine, qui leur est antérieure. (B.)

  3. Kien-Long, roi ou empereur de la Chine, actuellement régnant, a composé, vers l’an 1743 de notre ère vulgaire, un poëme en vers chinois et en vers tartares. Ce n’est pas à beaucoup près son seul ouvrage. On vient de publier la traduction française de son poëme.

    Les Chinois et les Tartares ont le malheur de n’avoir pas, comme presque tous les autres peuples, un alphabet qui, à l’aide d’environ vingt-quatre caractères, puisse suffire à tout exprimer. Au lieu de lettres, les Chinois ont trois mille trois cent quatre-vingt-dix caractères primitifs, dont chacun exprime une idée. Ce caractère forme un mot ; et ce mot, avec une petite marque additionnelle, en forme un autre. J’aime, guao, se peint par une figure. J’ai aimé, j’aurais aimé, j’aimerai, demandent des figures un peu différentes, dont le caractère qui peint guao est la racine.


    Cette méthode a produit plus de quatre-vingt mille figures qui composent la