Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme en nos cœurs. Le calife à ce bruit,
Qui redoublait encor pendant la nuit,
Nous défendit de crier davantage.
Chacun se tut, ainsi qu’il est d’usage ;
Mais les échos répétaient mille fois :
« C’est Barmécide ! » et leur bruyante voix
Du doux sommeil priva, pour son dommage,
Le commandeur des croyants de notre âge.
Au point du jour, alors qu’il s’endormit,
Tout en rêvant, le calife redit :
« C’est Barmécide ! » et bientôt sa sagesse
A rappelé sa première tendresse[1].




ÉPÎTRE CXIV.


À HORACE[2].


(1772)


Toujours ami des vers, et du diable poussé,
Au rigoureux Boileau j’écrivis l’an passé.
Je ne sais si ma lettre aurait pu lui déplaire ;
Mais il me répondit par un plat secrétaire[3],
Dont l’écrit froid et long, déjà mis en oubli,
Ne fut jamais connu que de l’abbé Mably[4].

  1. En dépit de cette épître, Choiseul n’en rompit pas moins avec Voltaire, qui soutenait la politique de Maupeou.
  2. On a donné à cette épître la date de 1771. Voltaire était occupé à la composer en auguste 1772 ; voyez la lettre à Chabanon, du 30 auguste 1772. Il dut la finir en septembre.

    Laharpe a fait une réponse à cette épître : elle est intitulée Horace à Voltaire ; imprimée d’abord séparément, puis réimprimée avec l’Épître à Horace, et comprise dans le tome XIV des Nouveaux Mélanges (par Voltaire), elle fait partie des Œuvres de Laharpe. (B.)

  3. Ces mots plat secrétaire désignent Clément de Dijon, et font allusion à son épître de Boileau à Voltaire. Voyez la note 1 de la page 397.
  4. M. l’abbé de Mably, frère de l’abbé de Condillac. Il avait donné d’excellentes Observations sur l’Histoire de France, et un grand nombre d’autres ouvrages qui respirent l’amour de la vertu. On peut lui reprocher d’avoir quelquefois montré de