Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/447

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


SERMON


DES CINQUANTE




AVERTISSEMENT
DES ÉDITEURS DE L’ÉDITION DE KEHL[1].


Nous donnons ici le Sermon des cinquante tel qu’il a paru séparément, et ensuite dans plusieurs recueils. M. de Voltaire ne l’a point inséré dans les éditions de ses Œuvres faites sous ses yeux. On en retrouve le fond dans les Homélies[2], qui sont imprimées à la suite.

Cet ouvrage est précieux : c’est le premier où M. de Voltaire, qui n’avait jusqu’alors porté à la religion chrétienne que des attaques indirectes, osa l’attaquer de front. Il parut peu de temps après la Profession de foi du vicaire savoyard. M. de Voltaire fut un peu jaloux du courage de Rousseau, et c’est peut-être le seul sentiment de jalousie qu’il ait jamais eu ; mais il surpassa bientôt Rousseau en hardiesse, comme il le surpassait en génie.

  1. Le premier alinéa de cet Avertissement est de Decroix ; le second, de Condorcet.

    Il est question du Sermon des cinquante dans une lettre de Voltaire à Mme de Fontaine, du 11 juin 1761 ; mais j’ai déjà dit (page 277) que plusieurs lettres de Voltaire avaient été refondues en une seule ; ce qui ne permet pas de les admettre toujours comme autorité. On ne peut savoir rien de positif d’après les éditions du Sermon des cinquante, qu’on trouve dans les diverses éditions de l’Évangile de la raison et du Recueil nécessaire. L’édition du Sermon que je regarde comme la première est un in-8o de vingt-sept pages, portant le millésime 1749, et au-dessous cette note : On l’attribue à M. du Martaine ou du Marsay, d’autres à La Métrie ; mais il est d’un grand prince très-instruit. C’est un prince respectable que Voltaire en dit l’auteur dans ses Instructions à Antoine-Jacques Rustan (ou plutôt Roustan). Les mots grand prince très-instruit, et prince respectable, désignent le roi de Prusse Frédéric II. L’édition du Sermon des cinquante, en vingt-sept pages in-8o, me paraît être sortie des mêmes presses que les premières éditions de l’Extrait des sentiments de Jean Meslier, et peut être du même temps. J’ai donc cru pouvoir placer le Sermon en 1762. C’est à cette date que les éditeurs de Kehl l’ont mis dans leur table chronologique ; et une lettre de Voltaire à Damilaville, du 10 octobre 1762, doit avoir été écrite vers le temps où parut l’édition en vingt-sept pages. (B.)

  2. Ces Homélies sont des années 1767 et 1769.