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LES DERNIÈRES
PAROLES D’ÉPICTÈTE
À SON FILS[1].

épictète.

Je vais mourir ; j’attends de vous un souvenir tendre, et non des larmes inutiles : je meurs content, puisque je vous laisse vertueux.

le fils.[2]

Vous m’avez enseigné à l’être, mais vous savez quel trouble m’agite. Une nouvelle secte de la Palestine cherche à me donner des remords.

épictète.

Des remords ! il n’appartient qu’aux scélérats d’en éprouver. Vos mains et votre âme sont pures. Je vous ai enseigné la vertu, et vous l’avez pratiquée.

le fils.

Oui ; mais cette nouvelle secte annonce une nouvelle vertu que je ne connaissais pas.

épictète.

Quelle est donc cette secte ?

  1. Ce dialogue ne fut admis dans les Œuvres de Voltaire qu’en 1768 (septième partie des Nouveaux Mélanges). Il avait été imprimé dans le Recueil nécessaire, 1765, in-8°, volume que, malgré son millésime, je crois de 1767, et qui a eu plusieurs éditions soit sous le titre de Recueil nécessaire, soit sous celui d’Évangile de la raison. C’est Voltaire qui fut l’éditeur du Recueil nécessaire, composé presque entièrement d’ouvrages sortis de sa plume. Les Dernières Paroles d’Épictète sont donc, au plus tard, de 1767, et peuvent être antérieures. Le reproche que Voltaire fait aux Juifs de rogner les espèces leur avait déjà été adressé dans Saül, acte III, scène i ; et cela ne suffit pas pour assurer que les Dernières Paroles sont aussi de 1763, année où je les classe. (B.)
  2. On ne sait si Épictète eut un fils ; mais il prit chez lui le fils d’un de ses amis mort dans le besoin. (B.)