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SUR L’HISTOIRE GÉNÉRALE.

nies si abominables et si absurdes qu’on souillerait le papier en les copiant. On croira sans peine qu’un homme assez dépourvu de sens et de pudeur pour vomir tant de calomnies n’a pas assez de science pour ne pas tomber à chaque page dans les erreurs les plus grossières ; mais c’est une chose curieuse que le ton de maître dont il les débite.

Il ne s’en est pas tenu là ; il a répété les mêmes outrages et les mêmes absurdités dans les prétendus Mémoires qu’il a donnés de Mme  de Maintenon.

Ce sont surtout les mêmes outrages à Louis XIV, à tous les princes et à toutes les dames de sa cour.

«[1] Qui a loué Louis XIV ? dit-il ; les sages, les politiques, les bons chrétiens, les bons Français ? Non ; un tas de moines sans esprit et sans âme, des évêques, des ministres, qui ne connaissaient en France d’autre loi que le bon plaisir du maître. »

Il feint d’avoir écrit ces Mémoires pour honorer Mme  de Maintenon, et ce n’est qu’un libelle contre elle et contre la maison de Noailles ; il ramasse tous les vers infâmes qu’on a faits sur elle.

Il imprime de vieux noëls remplis des plus grossières ordures contre le roi, la dauphine et toutes les princesses.

Il attribue à Mme  de Maintenon une parodie impie du Décalogue, dans laquelle on trouve ces vers :

Ton mari cocu tu feras[2],
Et ton bon ami mêmement.
À table en soudard tu boiras
De tout vin généralement.

On n’imputerait pas de pareils vers à la veuve du cocher de Vertamont, et c’est ce qu’on ose mettre sur le compte de la femme la plus polie et la plus décente[3].

On passe sous silence tous les contes faits pour des femmes de chambre, dont ses rapsodies sont pleines. À la bonne heure qu’un homme sans éducation écrive des sottises ; mais de quel front ose-t-il prétendre que le roi écrivit à M. d’Avaux, au sujet de l’évasion des protestants[4] : Mon royaume se purge ; et que M. d’Avaux lui répondit : Il deviendra étique, etc. ? Nous avons les

  1. Mémoires de Maintenon, tome IV, page 99. (Note de Voltaire.)
  2. Ibid., tome VI, page 123. (Id.)
  3. Voyez tome XXVI, page 162.
  4. Mémoires de Maintenon, tome III, page 30. (Note de Voltaire.)