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FRAGMENT

[1] Cet homme est bien mal instruit de l’éducation des princes mogols. Ils sont à trois ans entre les mains des eunuques, et non entre les mains des femmes. Il n’y a point de seigneur à leur lever et à leur coucher ; on ne leur dénoue point l’aiguillette. On voit assez qui l’auteur veut désigner. Mais connaîtra-t-on à ce portrait le fondateur des Invalides, de l’Observatoire, de Saint-Cyr ; le protecteur généreux d’une famille royale infortunée ; le conquérant de la Franche-Comté, de la Flandre française ; le fondateur de la marine, le rémunérateur éclairé de tous les arts utiles ou agréables ; le législateur de la France, qui reçut son royaume dans le plus horrible désordre, et qui le mit au plus haut point de la gloire et de la grandeur ; enfin le roi que don Ustariz, cet homme d’État si estimé, appelle un homme prodigieux, malgré des défauts inséparables de la nature humaine ?

Y reconnaitra-t-on le vainqueur de Fontenoy et de Laufelt, qui donna la paix à ses ennemis, étant victorieux : le fondateur de l’École militaire, qui, à l’exemple de son aïeul, n’a jamais manqué de tenir son conseil ? Où est ce petit-fils automate de Sha-Abas ?

Il croit que Sha-Ahas était un Mogol, et c’était un Persan de la race des sophis. Il appelle au hasard son petit-fils automate, et ce petit-fils était Abas, second fils de Sam-Mirza, qui remporta quatre victoires contre les Turcs, et qui fit ensuite la guerre aux Mogols.

On ne peut étaler ni plus de méchanceté, ni plus d’ignorance. Qui le croirait ? cet homme a trouvé enfin de la protection !

Pour mieux confondre non-seulement ces impostures, mais aussi cet esprit de critique, et ce style acre et violent, employés depuis quelque temps à décrier le grand siècle, à rabaisser Louis XIV, à dénigrer tous ceux qui illustraient la France, nous réimprimons ici la Défense de Louis XIV.


ARTICLE XII.


Défense de Louis XIV contre l’auteur des Éphémérides[2].


  1. La citation qui précède et ce qui suit avaient déjà été imprimés en 1772, dans les Questions sur l’Encyclopédie (voyez tome XX, page 330).
  2. Nous avons imprimé, tome XXVIII, page 327, le morceau qui formait, en 1773, l’article xii du Fragment. S’il est inutile de le réimprimer, il ne l’est pas d’en laisser trace ici.