Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/113

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ACTE II, SCÈNE YII. lO.}

Je vis do vos chaf^riiis les funestes accès ; J’en approuvai la cause, et j’en l)lAniai l’excès. Aujourd’hui j’ai revu cet objet de vos larmes ; D’un œil indifférent j’ai regardé ses charmes. Libre et juste auprès d’elle, à vous seul attaché, J’ai lait valoir les feux dont vous êtes touché ; J’ai de tous vos bienfaits rappelé la mémoire, L’éclat de votre rang, celui de votre gloire, Sans cacher vos défauts vantant votre vertu. Et pour vous contre moi j’ai lait ce ([uo j’ai dû. Je m’immole à vous seul, et je me rends justice ; Et, si ce n’est assez d’un si grand sacriiice, S’il est quelque rival qui vous ose outrager. Tout mon sang est à vous, et je cours vous venger.

VENDÔME.

Ah ! généreux ami, qu’il faut que je révère. Oui, le destin dans toi me donne un second frère ; Je n’en étais pas digne, il le faut avouer : .Mon cœur…

COUCY.

Aimez-moi, prince, au lieu de me louer ; Et si vous me devez quehjue reconnaissance, Faites votre bonheur, il est ma récompense. Vous voyez quelle ardente et fière inimitié Votre frère nourrit contre votre allié. Sur ce grand intérêt souffrez que je m’explique. Vous m’avez soupçonné de trop de politique, Quand j’ai dit que bientôt on verrait réunis Les débris dispersés de l’empire des lis. Je vous le dis encore au sein de votre gloire ; Et vos lauriers brillants, cueillis par la victoire, Pourront sur votre front se flétrir dc’soi’inais S’ils n’y sont soutenus de l’olive de paix. Tous les chefs de l’État, lassés de ces ravages, Cherchent un port tranquille après tant de naufrages ; Gardez d’être réduit au hasard dangereux De vous voir, ou trahir, ou prévenir par eux. Passez-les en prudence, aussi bien qu’en courage. De cet heureux moment prenez tout l’avantage ; (iouvernez la fortune, et sachez l’asservir : C’est perdre ses faveurs que tarder d’en jouir : Ses retours sont fréquents, vous devez les connaître.