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ARTICLE XIII.
DES MARIAGES ENTRE PERSOANES DE DIFFÉRENTES SECTES.

Plus d’une nation a proscrit sous des peines très-rigoureuses les mariages avec des personnes qui ne professeraient pas la religion du pays. La politique a pu faire cette loi; mais la politique change, et l’intérêt du genre Immain ne change point. Le bien public n’exige-t-il pas à la longue que les deux sexes de religions opposées se réunissent? Y a-t-il une manière plus douce et plus sûre d’établir enfin cette tolérance que FEurope désire : tolérance si nécessaire que c’est la première loi, comme nous l’avons dit S de tout l’empire de Russie, conçue par le génie de l’impératrice, écrite de sa main, et bénie de son peuple? Qu’on regarde la Prusse, l’Angleterre, la Hollande, Venise ; et que les nations intolérantes rougissent,

ARTICLE XIV.
DE l’inceste.

Pour l’inceste, il est démontré que c’est une loi de bienséance. Le grand Dictionnaire encyclopédique, imprimé à Paris, avoue que « entre parents les conjonctions ont été permises en certains cas un peu rares, comme au commencement du monde, et immédiatement après le déluge, etc. »

On peut ajouter que l’inceste était alors un devoir. Si un frère et une sœur, ou un père et sa fille, restés seuls sur la terre, négligeaient la propagation, ils trahiraient le genre humain.

Les Romains, toujours ennemis des Perses dès qu’ils furent leurs voisins, les accusèrent de légitimer l’inceste. Le bruit courut longtemps dans Rome que chez le grand roi les mères couchaient d’ordinaire avec leurs fils, et que, pour parvenir au rang des mages, il fallait être né de cet accouplement. Catulle le dit en termes exprès :

Nam magus e\ niatre et gnato gignatur oportet.

(Carm. 88, v. 3.)

On imputait plus d’une turpitude à cette brave nation depuis qu’elle avait vaincu et tué Crassus, de même que les moines grecs

1. Voyez ci-dessus article viii, page 548.