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294 REMARQUES SUR LES IIORACES.

SCÈNE VIII.

Vers 1 0. Ne pensez qu'aux devoirs que vos pays demandent.

Des pays ne demandent point des devoirs. La patrie impose des devoirs, elle en demande l'accomplissement.

Versdern. Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux.

J'ai cherché, dans tous les anciens et dans tous les théâtres étrangers, une situation pareille, un pareil mélange de grandeur d'unie, de douleur, de hienséance, et je ne l'ai point trouvé : je remarquerai surtout que chez les Grecs il n'y a rien dans ce goût.

ACTE TROISIÈME.

SCÈNE I.

SABINE , seule.

Ce monologue de Sabine est absolument inutile, et fait lan- guir la pièce. Les comédiens voulaient alors des monologues. La déclamation approchait du chant, surtout celle des femmes; les auteurs avaient cette complaisance pour elles. Sabine s'adresse sa pensée, la retourne, répète ce qu'elle a dit, oppose parole à parole :

En l'une je suis femme, en l'autre je suis fille.

En l'une je suis fille, en l'autre je suis femme.

Songeons pour (pielle cause, et non par quelles mains.

Je songe par quels bras, et non pour quelle cause.

Les quatre derniers vers sont plus dans la passion. (Voyez ci- après, V. 51.)

Vers 20. Leur vertu les élève en cet illustre rang.

Il ne s'agit point ici de rang : l'auteur a voulu rimer à sang. La plus grande difficulté de la poésie française et son plus grand mérite est que la rime ne doit jamais empêcher d'employer le mot propre.

Vers 3;J. Pareille à ces éclairs qui, dans le fort des ombres,

Poussent un jour (pii luil et rend les nuits plus sombres.

La tragédie admet les métai)liores, mais non pas les compa- raisons : pourquoi'? Parce que la métaphore, quand elle est natu-

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