Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

AVERTISSEMENT
POUR LA PRÉSENTE ÉDITION.


À la fin du mois de décembre 1704, le jeune Armand Arouet, âgé de dix-neuf ans, écrivait un compliment de nouvelle année à Mme du Pont-Bailly, sa cousine, femme d’un marchand poitevin. Ce morceau de littérature achevé, le jeune homme le faisait signer par son petit frère François-Marie, dit Zozo, âgé de dix ans. Or Zozo n’était autre que le grand épistolier du XVIIIe siècle, François de Voltaire. M. Benjamin Fillon a retrouvé dans un grenier du Poitou cette première lettre signée d’un sobriquet enfantin par la main qui devait en signer des milliers d’autres. On nous excusera d’en reproduire ici le texte, puisque c’est le point de départ de la célèbre correspondance, au delà duquel il sera très-certainement difficile de reculer.


À Madame, Madame du Pont-Bailly, à la Châteigneraye,
pays de Poitou.

Paris, le 29 décembre 1704.

Madame et très-honorée cousine,

Mon papa m’a fait cette grâce de me comander d’estre son secrettaire ce premier d’année, et vous tesmoigner les humbles respects de nostre maison, avec les veux et les prieres que nous faisons pour vostre prospérité, santé, bonheur et satisfacion, qui ne sont en doutte de vostre costé eu égard à nous. Il vous suplie, madame ma cousine, le croire toujours bon parent et ne vous despartir de l’affection que vous devez à sa famille, et moy, le secrettaire, je finiray en me disant, et Zozo,

Vos très-humbles et respectueux cousins,

Zozo. Zozo.Arouet.

Depuis plusieurs années déjà, François-Marie avait perdu sa mère, morte le 13 juillet 1701, lorsqu’il avait six ans et demi, et que, par conséquent,