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Adieu, mon très-cher abbé ; notre chimiste[1] se moque du monde,


775. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[2].
Ce mercredi 19 (auguste 1737).

Il est parti aujourd’hui une grande lettre de moi, écrite il y a deux jours, par Bar-sur-Aube, Dans cette lettre il y a mille choses, moitié spirituelles, moitié temporelles. Je reçois la vôtre du 17, avec l’incluse de M. de Richelieu. Je vois qu’il faut en passer par ce qu’on veut touchant la fin de l’affaire Bouillé-Ménard. J’aurais encore des objections à faire ; mais j’aime mieux une conclusion qu’une objection. Concluons donc : faites faire une délégation en bonne forme de ce que me doit M. de Richelieu, de ma rente de quatre mille livres sur Mme d’Aubigné : le tout se payera par ladite dame avec les six mille six cent dix francs, moyennant la mainlevée de celui qui a saisi sur Bouillé-Ménard pour une petite somme. C’est donc une affaire aisée à régler.

Je suis fort aise qu’on se soit expliqué au sujet de la propagation du feu. Car, comme la lumière du soleil est le feu le plus puissant que nous connaissions, il était naturel de rechercher la propagation de ce feu élémentaire. C’était l’affaire d’un philosophe, le reste est l’affaire d’un forgeron ; mais je suis au milieu des forges[3], et la matière me convient assez. J’espère que M. Bronod s’expliquera aussi nettement que M. de Fontenelle. Il a reçu l’ordre de donner les trente-deux louis. Mais apparemment qu’il n’avait pas encore cet ordre quand vous lui en parlâtes. Un petit mot d’écrit de votre part au sieur Bronod mettra l’affaire au net. L’essentiel est de donner cinquante louis au sieur Hébert, pour avoir incessamment ce superflu qu’on nomme nécessaire. J’enverrai un certificat de vie pour recevoir ma rente viagère ; mais je ne peux l’envoyer aujourd’hui ni demain. Il partira probablement dimanche 23, et n’arrivera que le 25 ou le 26. Cependant le temps presse. Hébert ne travaillera point sans avoir ses cinquante louis d’avance. Au reste, il faut dire à Hébert que c’est pour un étranger, et qu’on le prie d’avoir toute l’attention possible pour que l’ouvrage soit parfait.

  1. Le chimiste-aumonier, dont il est question dans les lettres 768, 769, 771, 772.
  2. Édition Courtat.
  3. Il y avait alors à Cirey une grosse forge qui dépendait du château.