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qui a chez lui deux différentes éditions du Mémoire de M. de Voltaire que je vous envoie un billet de 300 livres sur mon notaire, à vue. Je vous prie de l’employer à retirer tout ce qui concerne cette malheureuse affaire. Le chevalier vous remettra le tout, et vous payerez le libraire : car je ne me fie à ce chevalier que de bonne sorte ; et je ne puis confier cela qu’à vous. Votre ami n’en sait rien, et je ne le lui dirai point ; vous en sentez la nécessité. Envoyez chercher le chevalier ; faites-lui faire choses et autres ; mais retirez tout, et ne nous retirez jamais votre cœur charmant, qui fait la consolation de ma vie. Écrivez à l’Impératrice, à Bruxelles.


1155. — À M. THIERIOT.
À Cirey, le 7 mai.

Je pars demain, ou après-demain, pour les Pays-Bas, et je ne sais quand je reviendrai dans ma charmante solitude. Je pars malade, et ne reviendrai peut-être point ; je compte sur votre amitié, quand je serais encore plus éloigné et plus malade. Je renvoie à M. Moussinot les livres de la Bibliothèque du roi. Je vous prie de vouloir bien présenter mes remerciements à l’abbé Sallier[1].

Le Démosthène grec est venu, et je l’emporte, quoique je ne l’entende guère. J’entends Euclide plus couramment, parce qu’il n’y a guère que des présents et des participes, et que d’ailleurs le sens de la proposition est toujours un dictionnaire infaillible.

Pour égayer la tristesse de ces études, si cependant il y a quelque étude triste, je vous prie, mon cher ami, de m’envoyer le Janus[2] de M. Lefranc ; il m’a donné avis qu’il doit arriver par votre canal.

Je vous prie de me conserver dans les bonnes grâces de MM. des Alleurs, Dubos, Mairan, et du petit nombre d’êtres pensants qui ne blasphèment point contre la philosophie, et qui veulent bien penser à moi.


1156. — À M. BERGER.
Cirey, le 7 mai.

Nous partons demain, mon cher correspondant. Dans quelque pays que l’amitié nous conduise, vos lettres me feront tou-

  1. Claude Sallier, chargé de la garde des manuscrits de la Bibliothèque du roi ; mort au commencement de 1761. Il prêtait des livres à Voltaire et à la marquise du Châtelet, comme on le voit dans une lettre de cette dame à Thieriot, du 16 janvier 1738, qui fait partie des Pièces inédites publiées, en 1820, par MM. Decroix et Jacobsen.
  2. Opéra non représenté.