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ACTE I


Scène I

Cassandre, Sostène.

Le fond du théâtre représente un temple dont les trois portes fermées sont ornées de larges pilastres : les deux ailes forment un vaste péristyle. Sostène est dans le péristyle, la grande porte s’ouvre. Cassandre, troublé et agité, vient à lui ; la grande porte se referme.[1]


Cassandre.

Sostène, on va finir ces mystères terribles[2].
Cassandre espère enfin des dieux moins inflexibles :

  1. « … La porte se referme incontinent, écrivait Voltaire, après avoir laissé voir au spectateur deux longues files de prêtres et de prétresses couronnées de fleurs, et une décoration magnifiquement illuminée au fond du sanctuaire. L’œil, toujours curieux et avide, est fâché de ne voir qu’un instant ce beau spectacle… »
  2. Ces mystères et ces espiations sont de la plus haute antiquité, et commeneaieNt alors à devenir communs chez les Grecs. Philippe, père d’Alexandre, se fit initier aux mystères de la Samothrace avec la jeune Olympias, qu’il épousa depuis. C’est ce qu’on trouve dans Plutarque, au commencement de la vie d’Alexandre, et c’est ce qui peut servir à fonder l’initiation de Cassandre et d’Olympie.


    Il est difficile de savoir chez quelle nation on inventa ces mystères. On les trouve établis chez les Perses, chez les Indiens, chez les Egyptiens, chez les Grecs. Il n’y a peut-etre point d’établissement plus sage. La plupart des hommes, quand ils sont tombés dans de grands crimes, en ont naturellement des remords. Les législateurs qui établirent les mystères et les expiations voulurent également empêcher les coupables repentants de se livrer au désespoir, et de retomber dans leurs crimes.


    La créance de l’immortalité de l’âme était partout le fondement de ces cérémonies religieuses. Soit que la doctrine de la métempsycose fût admise, soit qu’on reçut celle de la réunion de l’esprit humain à l’esprit universel, soit que l’on crût,