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ACTK III, SClvNE II. 2)1

Ce n’est que par sa mort (|iie son fils lui ressonible. Des brij^ands réunis, (|ue la rapine assemble. In prétendu César, un /ils de Cépias’, Qui commande le meurtre, et qui fuit les combats, Dans leur tranquille rage ordonnent de ma vie ! Octave est maître enfin du monde et de Julie, De Julie ! Ah ! tjran, ce dernier coup du sort Atterre mon esprit luttant contre la mort. Détestable rival, usiii-pateur infAme, Tu ne m’assassinais ({ue jiour ravir ma femme ! Et c’est moi qui la livre à tes indignes feux ! Tu règnes, et je meurs, et je te laisse heureux ! Et tes flatteurs, tremblants sur un tas de victimes, Déjà du nom d’Auguste ont décoré tes crimes ! Quel est cet assassin qui s’avance vers moi ?

SCÈNE II.

POiMPÉE, AlFIDE.

POMPÉE, l’époc à la main.

Approche, et puisse Octave expirer avec toi !

AUFIDE,

Jugez mieux d’un soldat qui servit votre père.

qu’il fit, ce fut de confisquer tous ses biens à Rome. On vendit à l’encan la belle maison de Pompée ; Antoine l’acheta, et les enfants de Pompée n’euren aucun héritage. [Note de Voltaire.)

1. Dion Cassius nous apprend que le surnom du père d’Auguste était Cépias Cet Oc.tavianus Cépias fut le premier sénateur de sa branche. Le grand-père d’Auguste n’était qu’un riche chevalier qui négociait dans la petite ville de V’eletri, et qui épousa la sœur aînée de César, soit qu’alors la famille des César fût pauvre, soit qu’elle voulût plaire au peuple par cotte alliance disproportionnée. J’ai déjà dit qu’on reprochait à Auguste que son bisaïeul avait été un petit marchand, un changeur à Vcletri. Ce changeur passait même pour le fils d’un affranchi. Antoine osa appeler Octave du nom de Spartacus dans un de ses édits, en faisant allusion à sa famille, qu’on prétendait descendre d’un esclave. Vous trouverez cette anecdote dans la huitième Philippique de Cicéron : quem Spartacum in edictis appellat, etc.

11 y a mille exemples de grandes fortunes qui ont eu une basse origine, ou que l’orgueil appelle basse : il n’y a rien de bas aux yeux du philosophe, et quiconque s’est élevé doit avoir eu cette espèce de mérite qui contribue à l’élévation. Mais on est toujours surpris de voir Auguste, ne d’une famille si mince, un provincial sans nom, devenir le maître absolu de l’empire romain, et se placer au rang des dieux.

On lui donne des remords dans cette pièce ; on lui attribue des sentiments magnanimes : je suis persuadé qu’il n’en eut point ; mais je sin’s persuadé qu’il en faut au théâtre. [Noie de Voltaire.)