Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/353

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PRÉFACE¹

Cette pièce de société n’a été faite que pour exercer les talents de plusieurs personnes d’un rare mérite. Il y a un peu de chant et de danse, du comique, du tragique, de la morale, et de la plaisanterie. Cette nouveauté n’a point du tout été destinée aux théâtres publics. C’est ainsi qu’aujourd’hui, en Italie, plusieurs académiciens s’amusent à réciter des pièces qui ne sont jamais jouées par des comédiens. Ce noble exercice s’est établi depuis longtemps en France, et même chez quelques-uns de nos princes. Rien n’anime plus la société ; rien ne donne plus de grâce au corps et à l’esprit, ne forme plus le goût, ne rend les mœurs plus honnêtes, ne détourne plus de la fatale passion du jeu, et ne resserre plus les nœuds de l’amitié.

Cette pièce a eu l’avantage d’être représentée par des gens de lettres, qui, sachant en faire de meilleures, se sont prêtés à ce genre médiocre avec toute la bonté et tout le zèle dont cette médiocrité même avait besoin.

Henri IV est véritablement le héros de la pièce : mais il avait déjà paru dans la Partie de Chasse², représentée sur le même théâtre ; et on n’a pas voulu imiter ce qu’on ne pouvait égaler³.

1. Cette Préface, de Voltaire lui-même, est dans l’édition de 1767, mais ne fut conservée ni dans l’édition in-4o, ni dans l’édition encadrée. Elle a été rétablie par les éditeurs de Kehl. (B.)

2. Par Collé.

3. M. de Voltaire avait changé le dénoùment de cette pièce dans l’édition qu’il préparait ; et c’est d’après ces nouvelles corrections qu’elle est imprimée ici. (K.) — Ajoutons que cette jolie comédie de genre s’affichait : Charlot, ou la Comtesse de Givry — qu’elle fut représentée devant des soldats alors en garnison à Ferney ; et que ce soir-là les rôles étaient distribués ainsi : la Comtesse, Mme Denis ; le Marquis, M. de Laharpe ; Julie, Mme de Laharpe ; Charlot, M. Chabanon ; Babet, Mme Dupuits-Corneille, etc. (G. A.)