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III. — APRÈS DÎNER


L’ABBÉ. — Voilà d’excellent café, madame ; c’est du moka tout pur.


LA COMTESSE. — Oui, il vient du pays des musulmans ; n’est-ce pas grand dommage ?


L’ABBÉ. — Raillerie à part, madame, il faut une religion aux hommes.


LE COMTE. — Oui, sans doute ; et Dieu leur en a donné une divine, éternelle, gravée dans tous les cœurs ; c’est celle que, selon vous, pratiquaient Énoch, les Noachides et Abraham ; c’est celle que les lettrés chinois ont conservée depuis plus de quatre mille ans, l’adoration d’un Dieu, l’amour de la justice, et l’horreur du crime.


LA COMTESSE. — Est-il possible qu’on ait abandonné une religion si pure et si sainte pour