Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/31

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division de Lespart qui y était arrivée dans l’intervalle ; mais ces troupes fraîches ne fournirent qu’une résistance de courte durée et se virent entraînées dans la retraite générale.

La victoire remportée par la troisième armée avait été chèrement achetée : elle lui coûta 489 officiers et 10 000 soldats. On n’est pas absolument fixé sur le montant des pertes qu’avait subies l’armée française : toujours est-il qu’elle laissa aux mains des Allemands, en prisonniers seuls, 200 officiers et 9 000 hommes ; ceux-ci avaient pris en outre 33 pièces de canon et 2 000 chevaux.

Selon toute apparence la désorganisation de l’armée française était telle que la voix des chefs n’était plus écoutée. Une brigade seulement de la division de Lespart prit en effet le chemin de Bitche pour rejoindre la portion principale de l’armée française à Saint-Avold, tandis que l’autre, avec les débris des 1er et 7e corps, reflua, en cédant à l’impulsion donnée et sans que rien pût l’arrêter, dans la direction du sud-ouest, vers Saverne.

Du moment que le commandant en chef de la troisième armée et son état-major n’avaient pas eu l’intention de livrer bataille le 6 août, la 4e division de cavalerie n’avait pas été appelée à quitter ses cantonnements qui se trouvaient en arrière des corps d’armée ; aussi on ne put pas recourir à elle afin de faire poursuivre l’ennemi. Ce ne fut qu’à 9 heures du soir qu’elle arriva à Gunstett. Pour être prêt au moins le lendemain de bonne heure, le prince Albert continua à avancer, pendant cette nuit-là même, jusqu’à Eberbach et, après avoir accordé à sa division un repos de trois heures, il se remit en marche ; il atteignit le lendemain soir, après avoir franchi une distance de 67 kilomètres et demi, la ligne des postes de l’arrière-garde