Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/42

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l’ordre de revenir sur Toul ; finalement on le dirigea, lui aussi, de Chaumont à Châlons. Là, le général Trochu avait organisé un nouveau corps, le 12e, et, en arrière de ce point de concentration, le 7e corps fut transporté par le chemin de fer, de l’Alsace à Paris, par Bar-sur-Aube, et de là à Reims.

De la sorte, il s’était formé, à la date du 22 août, une armée de réserve comprenant quatre corps d’armée et deux divisions de cavalerie ; elle était placée sous les ordres du maréchal de Mac-Mahon ; mais, se trouvant à la distance de 188 kilomètres, elle n’était pas à même de secourir le maréchal Bazaine, posté immédiatement en face de l’ennemi qui s’avançait pour l’assaillir.

Sous la première impression de la double défaite essuyée le 6 août, le grand quartier impérial avait cru devoir faire également rétrograder jusqu’à Châlons l’armée du maréchal Bazaine, et le 6e corps, qui était, en partie du moins, en route pour se rendre de Châlons à Metz, reçut l’ordre de rebrousser chemin. On abandonna encore ce dessein. L’empereur n’avait pas seulement en face de lui l’ennemi du dehors, il avait à compter également avec l’opinion publique au dedans. La nation eût ressenti la plus vive indignation, si elle l’avait vu abandonner des provinces entières au début d’une campagne sur laquelle on avait nourri les espérances les plus brillantes. On pouvait encore concentrer en avant de la Moselle 200 000 hommes qui auraient pour point d’appui une grande place de guerre et, lors même que l’adversaire disposerait de la supériorité numérique, ses corps d’armée n’en étaient pas moins éparpillés sur une ligne mesurant 90 kilomètres d’étendue. Il leur fallait franchir la Moselle et il était fort possible que, forcément séparés les uns des autres pour effectuer ce pas -