Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/43

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sage, ils se trouvassent inférieurs en nombre au point même où se livrerait la lutte décisive.

L’état-major de la troisième armée allemande ignorait l’état de désorganisation complète de l’ennemi qu’elle avait battu, il n’avait pas davantage pu se rendre compte de la direction dans laquelle celui-ci se retirait. On s’attendait à le trouver rangé en bon ordre sur le versant occidental des Vosges, prêt à résister de nouveau, et comme la chaîne de montagnes ne pouvait être franchie qu’en colonnes isolées, on ne s’avança qu’avec la plus grande circonspection et par courtes étapes.

Bien que la distance de Reichshoffen à la Sarre, mesurée en ligne droite, ne soit que de 45 kilomètres, on n’arriva sur les bords de cette rivière qu’après cinq jours de marche. On n’avait pas rencontré d’ennemis, sauf dans les places de guerre, de peu d’importance à la vérité, mais capables de résister à un assaut, et interceptant les principales routes à travers la montagne. On dut se résigner à tourner péniblement Bitche ; Lichtenberg fut enlevé par surprise, la Petite-Pierre avait été abandonnée par sa garnison, Phalsbourg fut investi par le VIe corps marchant à la suite de l’armée, et Marsal capitula après avoir fait une résistance peu sérieuse.

L’aile gauche n’avait donc pas d’ennemi en face d’elle, on pouvait sans crainte l’attirer davantage vers le centre. Pour que les trois armées se trouvassent à hauteur l’une de l’autre, il était nécessaire d’exécuter une conversion à droite. Mais comme la troisième armée n’arriva que le 12 sur la Sarre, il fallut que la deuxième et la première ralentissent leur mouvement en avant. Le mouvement dans bon ensemble fut réglé de telle sorte que les routes de Saar-Union à Dieuze et celles situées plus au sud furent assignées