Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/50

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aux Prussiens, qui avaient pris l’offensive, des pertes graves : 5000 hommes, dont plus de 200 officiers, tandis que les Français ne perdirent que 3600 hommes, la plupart appartenant au 3e corps. Il est de toute évidence que, vu la proximité des ouvrages d’une grande place de guerre, il fut impossible de tirer parti de la victoire en se mettant immédiatement à la poursuite de l’ennemi. À cause de cette proximité, l’état-major n’avait eu nullement le dessein de faire livrer ce jour-là une bataille à la première armée, mais il avait parfaitement admis la possibilité d’une rencontre.

La lutte ayant été engagée fort tard, une seule division de la deuxième armée avait pu se porter au secours de la première ; mais son intervention sur le flanc gauche de l’adversaire n’en a pas moins eu des conséquences très appréciables.

La manière dont la bataille s’est engagée a rendu impossible l’unité de direction.

La lutte avait été principalement soutenue par les avant-gardes de quatre divisions, et comme des fractions de troupes numériquement faibles et ne pouvant être immédiatement secourues, attaquaient, avec une grande audace, un ennemi disposant d’un effectif considérablement supérieur, il se produisit à plusieurs reprises des phases critiques dans la lutte. L’issue eût pu en devenir défavorable, si l’adversaire, dont toutes les forces se trouvaient massées sur un terrain resserré, avait marché en avant avec plus d’énergie. Mais il est juste de dire que le 3e corps français ne fut pas soutenu par la garde impériale postée en arrière d’elle et dans son voisinage immédiat. Tout au contraire, pour les Prussiens, on constatera, dans cette bataille comme dans les précédentes, que l’esprit de solidarité