Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/60

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lerie. Deux brigades de cette division[1] avaient été employées à couvrir le flanc gauche, et la 3e brigade, la 12e, qui était restée postée en arrière de Vionville, avait envoyé deux escadrons dans le bois de Tronville. Les deux régiments de la brigade – c’étaient les cuirassiers de Magdebourg, et les hulans de la Vieille-Marche – ne comptaient chacun que trois escadrons, 800 chevaux au total, lorsqu’ils reçurent l’ordre de partir au trot à la rencontre de l’ennemi qui s’avançait.

Le général de Bredow, qui les commandait, les forma d’abord en colonne pour franchir le creux fortement évasé qui s’ouvre depuis Vionville, puis il fit un quart de conversion à droite et franchit le versant est avec ses deux régiments formés sur un front unique. Aussitôt il se voit accueilli par les feux les plus violents de l’artillerie et de l’infanterie et se précipite sur les rangs ennemis, ses cavaliers traversent la première ligne, ils enfoncent la ligne d’artillerie et sabrent les servants et les attelages. Une deuxième ligne française se voit hors d’état de résister à cette charge formidable et même les batteries françaises, placées à une certaine distance, remettent l’avant-train et s’apprêtent à revenir en arrière.

Mais la petite troupe de cavalerie se laisse entraîner plus loin par l’enivrement du triomphe et sa propre impétuosité et, après avoir fourni une charge de 3000 pas, elle se voit cernée par la cavalerie française qui accourait de toute part. On n’avait pu former une deuxième ligne pour recueillir la première et, après que les cavaliers eurent livré en quelque sorte des combats singuliers, ils durent se frayer derechef une voie à travers l’infanterie ennemie qui

  1. La 11e et la 13e brigade. (N.d.T.)